Dans le jardin

par Istina

Dans le jardin de mes soupirs
Les immortelles se sont fanées
J’effleure doucement mes pensées pour vous faire un bouquet de leurs reflets diaphanes
Sur le fil de l’eau
Ma folie à fleur de chair
Flottant au fin fond du firmament que ma pensée déchire
Je fais profession de ma foi
Car demain
Je vais mourir
Et ma Vérité avec moi

Dans le jardin de mes soupirs
Je me déclare en faim
J’ai tant de choses à me dire
N’aies pas peur de t’approcher
Je sais que la souffrance m’inspire parfois
Comme un air de reproche
Qui s’accroche
A l’écho de mes souvenirs
Comme à l’ego de mon sourire

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Bientôt
Je me tairai
Car même la lune qui chaque soir
Vole au soleil les fruits de sa victoire
M’a vilipendée pour ma vanité
Mais avant que l’humus n’embrasse ma bouche close
Je voudrais
Te faire humer
Une brassée de ces phrases tout juste écloses
De mon phrasé
Aux pétales encore tout froissés

Je voudrais
Vous convier
Dans mon jardin où veille le dragon
De son souffle orangé ma source brûle encore
Fatal baiser qui a incarné mon âme dans ce corps
Ce corps affamé
Un corps pour pécher
Dans la source fébrile de mes idées
Où brillent quelques appâts aux écailles mordorées

Je remonte le fil
Mes émotions se tordent avant d’être ingérées
Digérées
Puis soufflées par ma bouche dans un jet de flammes acérées
Ou dans une caresse
Tour à tour glacée
Ou par l’amour réchauffée

Mon jardin ne connaît que deux saisons
Rêve et déraison
On n’y est jamais seul-e
Et jamais vous n’y croiserez âme qui vive hors des frontières de l’imagination
Dans cet enclos
Qu’est mon jardin
On emmure les prisons
Dans le creux de nos mains jointes ensemble
On y chante les silences
Et les ombres de la lumière y font danser les cils
Ourlant nos clairvoyances de reflets indécis

C’est un repère de poètes est-ce…
Parce qu’on y aime avec frénésie
Jusqu’à l’envers de la vie
Jusqu’aux revers de nos envies
Jusqu’à la couleur de l’horizon à l’heure où la raison se couche
Entre chien et louve
Jusqu’à la promesse du sang qui coule et irrigue ses rives
Silencieux ruisseau
Qui délivre
Un message que les roseaux trahissent en bruissant dans le vent
Ça murmure
Justice !
Justice !
Et les fantômes de nos espoirs trépassés répondent en soupirant

Dans le jardin de mes soupirs
On revit à chaque inspir
Tout comme on apprend à mourir
Jusqu’au jour où sur les ailes du dragon ailé
On peut enfin voler

Dans le jardin de mes soupirs
Les immortelles se sont fanée
Mais les pensées fleurissent
Et fleurissent
Et fleurissent