Ma flamme dissimulée derrière un masque de décence
J’ai longtemps couru après mon innocence
Parfois, c’est pour partir en voyage que je noircis des pages
Là, entre les lignes
Je déchiffre les signes qui m’emmènent vers de nouveaux paysages
Où je poserai mes bagages
Cette île approche que je prenais pour un mirage
Hâtivement mais sûrement
Je suis la source
Vient le fleuve qui nous rassemble, puis la mer enfin
Je respire la musique
Vos paroles me soulèvent loin du climat délétère qui erre sur la terre
Je m’élève
Je savoure la trêve
Une bouffée de l’amour dont l’absence nous crève
Dites-moi si je rêve
Quand je vois cette île flottante dans le ciel de nos prières
Cette forteresse où d’autres lois se dessinent
Ce char à l’assaut du présent qui nous mine
Dites-moi si je rêve
Quand j’entends
L’appel incessant d’un ordre différent
Dans nos slams, nos cris du cœur
Et nos souffrances, et les récits de nos malheurs
Me font crier urgence !
En prenant ma défense au tribunal qui jauge les rancœurs
Je parle des femmes
De ces destins décidés dès la première heure après la naissance
D’un bout de chair en plus ou en moins qui nourrit de si différentes espérances
Je parle des filles et des sœurs
Et des amantes
De leurs rêves clandestins qui les font libres enfin
Loin d’un regard trop souvent réducteur
Loin du pouvoir, loin du miroir enfin
Qui reflète trop bien les attentes du monde !
En livrant mon témoignage au procès de la peur
J’explique les hommes
La marque de leurs doigts sur mes poignets quand ils me veulent trop fort Leurs excès quand ils m’adorent
Au point de vouloir m’enfermer
Précieuse propriété…
Délicieux et délicat objet je me suis faite entre leurs mains
Ils m’ont pourtant presque brisée
Et c’est la voix encore pleine de ces fêlures
Que j’évoque les hommes et leur nature artificiellement programmée pour nous dominer
Alors que je prends la parole à la barre des accusées
J’invoque le désir
La tendresse, la douceur de ces courbes familières
De cette peau à l’odeur étrangère
De ces lignes qui me guident jusqu’au cœur du mystère
Et pourquoi n’y aurais-je pas droit ?
N’ai-je pas soif moi aussi de ces caresses qu’ont délivré mes doigts
Sur d’autres corps qui ne parlaient pas le même langage que moi ?
Je repense à leurs pièges
A leur violence sacrilège
Qui prend
Parce qu’elle peut
Après le cauchemar et avant de prendre les armes
Il est vrai que je me suis contentée de peu
Alors quand pour un peu de respect on me demande de la gratitude
Je dis non
Il va falloir changer vos habitudes
Il y a une sale mentalité qui subsiste et qui nous rend la vie si rude
Tout s’explique par le poids de l’éducation qui forge nos attitudes
Il va falloir changer nos habitudes