Des rimes sur le chemin de la Vérité

Chemins de textes

Tag: ailes

En nuit

Entre mes côtes vit un oiseau de nuit
Dont les yeux sont des lacs résolus
Et le sang plus lourd que l’encre noire
Répandant sa lumière tel un soleil occulte

A partir du silence de l’emprise désolée
Il parvient à extraire quelques larmes pour sa soif
Et puis d’une note à l’autre élabore une trace
Portée en dissidence à chaque nouvel envol

Cet oiseau a la clé des masques de l’effroi
Qu’il dissimule à l’aube au creux de mes racines
Laisse une piste de plumes à l’envers des nuages
Et puis déploie ses ailes pour que naisse le jour

Il lui faudra mourir éventré par l’aurore
En laissant sur ma peau quelque filtre secret
Une saveur qui danse au gré d’un verbe obscur
Inscrit en capitales dans l’air qui nous entoure

Entre toutes mes côtes vit un oiseau de nuit
Qui partage l’espace d’un papillon diurne

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Vu l’heure

Vu l’heure tardive
Avant de partir à la dérive
Avant d’oublier mes origines
De renier ma couleur, de perdre mes racines
J’ose un dernier témoignage
Une gerbe de couleur noire sur la page
Où j’ai convoqué tous les orages

Pour l’amour d’une image
J’ai découpé le sens en zones contradictoires
J’ai insulté ma langue faible et transitoire
En inventant de nouveaux mots
Liquides et sanguins comme la neige
Aussi innocents qu’une pomme édénique

J’ai décrit
Les papillons aux ailes de mazout
Qui bruissent dans mon ventre depuis les événements
Qui brisèrent le soleil dans le ciel de ma jeunesse

J’ai écrit le vertige d’un rêve qui fut d’autant plus grand
Que mon cœur était sombre

Et la chute sans fin
Le désespoir sans fond
Le déni qui enfonce
La délivrance enfin

J’ai hurlé mes murmures aux murs de la ville
Déposé mes louanges aux pieds de langues habiles
Baladé mes errances dans cette ère rance
Embrassé la folie dans une dernière danse

Vu que le temps passe
Avant de de voir céder la place
Avant que ma mémoire ne s’efface
Que le sommeil s’avance, que la nuit ne me dépasse

Je rassemble péniblement mes ailes endommagées
Panse mes blessures, soulage mes plaies
En appliquant un baume concentré
De rimes déchantées, de verbe halluciné
Avant de m’envoler

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Rétrospective

J’entends le bruit de mon frigo quand je dors
Mais j’aime mon studio
Quand je pense que j’ai failli dormir dehors
Je n’ai presque plus de souvenirs de ces années taboues
J’ignore par quelle force j’ai pu tenir debout
Où je trouvais les sous pour manger un bout
Franchir les obstacles posés bout à bout

Etre amoureuse d’un criminel
Pour lui scier mes propres ailes
Au bout d’un an de cauchemar se réveiller d’un coup
Sentir encore longtemps son joug sur mon cou
Sans avoir jamais rendu les coups
Je sens monter le rouge aux joues

A force de me faire la fête
Il a perdu le toit au-dessus de notre tête
C’est bête
Prêt à se faire loger aux frais d’une princesse
Tandis que je rejoignais les rangs des jeunes filles en détresse
Avec des bleus en souvenir
Je ne dis pas que je lui souhaitais le pire
Mais le jugement est tombé, il aurait dû le voir venir

Mes sentiments
Avaient la naïveté d’une carte postale
Je ne sais pas s’il en décorait sa cellule
Je me souviens aussi d’un taudis où les cafards pullulent
Où le machisme ambiant a pu me rendre folle

L’hospitalité
N’était pas comme dans les paraboles
Je n’ai pas voulu payer l’obole
Je repartais par les rues
Errant sur mes frêles guibolles
Le poids des bagages me rend fragile
J’abandonne tout pour être tranquille

Je m’évade du foyer de jeunes filles
Sans oublier mon stylo bille
Après un faux départ pour l’Afrique
Un abandon de plus par un mec
Et une expulsion définitive
Je tombe love
D’un nanti qui me prend pour son esclave
Et que ma perpétuelle révolte a gavé
Il vide ses couilles, fait son sac et me laisse à oilpé
Mûre pour l’HP

Maintenant j’ai plus le droit de fumer
La cigarette qui me faisait tant d’effet
Heureusement entre deux hallus mon esprit perché
A médité
La voix de Dieu j’ai écouté
Mon esprit fut désintégré
Et mon ego s’est effondré

Athée, j’attribue pas à Jah, Allah ou Jehovah
Les miracles de ces nuits-là
Mais à ma plume, qui toujours là
M’accompagna
Droit des enfers au nirvana

920654bouddhaceleste

Trésor

J’ai gardé tes mots précieux comme un trésor caché
Sur lequel je savais pouvoir compter quand je serai assez forte
Pour partir
Pour changer
Toi mon icône
Quand ma route dévie c’est toi que je trahis
C’est toi que j’abandonne
Mon miroir
La proximité de nos errances fait celle de nos extases
Aussi loin nous irons
Portées par nos images fantasques de mortelles
Portant sur le front le baiser de l’Éternelle
Pour consoler les enfants que nous sommes
Apprendre à rendre au monde tendresse pour violence
Poser nos paroles sur les âmes
Comme des baisers sur vos ailes

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Etreinte

Une parcelle de présent dans l’étreinte
Des faux-fuyants dans le regard
La folie a filé en douce
Existe-t-il vraiment ce chemin de signes
Pour me guider vers son trésor ?

J’ai tout confié au hasard
Mes doutes, ma foi, mes amours
Et jusqu’à mon bon vouloir
Dans un entrelacs de sens
Dont le spectacle reste interdit

Y a-t-il encore des routes droites
Pour mener mes paroles en lieu sûr
Tout en quittant la terre ferme ?

Je m’étais construit des ailes qui m’ont ligotée
Telle un bigot dans son temple intérieur
J’avais oublié d’avoir peur
Me voilà rattrapée par mes rêves
Je croyais m’être enfuie assez loin
Là où la conscience ne projette plus que des ombres de soie

Je pensais être née mais j’étais chrysalide
Je voulais faire de l’art, ce n’était que ratures
Sur un ego de papier

Persiste-t-il une voie dans le vague
Comme un nuage dans la brume
Où je pourrai me percher pour écouter la Terre
Restée sourde à mes prières ?

Un soupçon de nostalgie dans l’âme
Reste de vanité dans l’agonie
Les jours se lèvent à toute allure
Tandis que l’on chérit la nuit

Adopter une étoile pour la faire frémir
En invoquant des noms maudits
Pour que la destinée rende son verdict

Si l’encre était mise au enchères
Qui serait prêt à payer le prix ?

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Envol

C’est au bord du gouffre et du vide insolent
que je tente de cerner les frontières du territoire de la peur

à l’embranchement du doute et du chaos
je rêve d’agripper un rayon de soleil
pour m’évader d’un vol d’oiseau

et j’écris à tire d’ailes
les envies d’évasion qui m’attirent tel l’appel d’un trou d’air

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