Des rimes sur le chemin de la Vérité

Chemins de textes

Tag: destin

Des espoirs

Je suis désespérée. Je passe devant un miroir, je ne me reconnais plus
Je n’ai ni l’énergie ni la volonté pour changer les choses
Je suis un mollusque fatigué
J’écris les larmes au bord des yeux, pour cultiver ma solitude
Entretenir mon jardin, préserver mon scribe intérieur
Le seul détail de mon existence
Qui m’illumine, silencieusement et discrètement
L’écriture qui réchauffe un peu mon cœur

Je vois flou à travers la brume qui recouvre mes iris
Tant de beauté pervertie
Joliesse ou pureté approximative
Je me serais bien contentée de l’absolu
Accommodée d’un horizon splendide
A défaut d’un présent à saisir de toutes mes forces

Mon bonheur n’est que portions d’amusement
Divertissement l’apanage du siècle
Le puits de mes émotions rempli de pluie de chagrin
Sur sa surface terne quelques élans d’amour
Se mêlent aux relents de ma dévastation

Je songe à la rudesse du coquelicot sauvage
Son insolence gracile
Et je me déçois d’être ce corps empâté
A la colère lourde et aux regrets pesants
Depuis quand ma plume a ce caractère adipeux
Depuis que l’on m’a sauvée de la folie
En coupant les fils qui me reliaient au ciel
Qui pour moi n’existe plus
Juste une autre voûte à porter
Sans aucune valeur ajoutée

Et je me déchire dans les grandes largeurs
Et je danse comme si le sol était de feu
Dans mon esprit

Et je me libère de toute soumission
Et je m’impose comme mission
De vivre

Voici que de l’eau chatouille mes joues
Je suis bien trop émotive
Pourtant reposée dans l’ombre de moi-même
Ne serait-ce cette opposition constante
Et difficilement supportable
Aux lois iniques qui régissent cet univers
De la banalité du meurtre qui ne dit pas son nom
Au viol inqualifiable
En passant par toutes les petites cases de nos petites prisons
Nou.e.s sommes proies du désir
Victimes de la concurrence
Harcelé.e.s par des souvenirs
Nos rêves sont décadence
Des êtres épuisés, harassé.e.s par le temps
Priant pour un nouveau soleil mais sans élever la voix
Dieux, qui nou.e.s entendra?

Combien de ces enveloppes grises dissimulent combien de lumière
Pour les décacheter n’y-a-t-il que la mort?
Est-ce qu’on cesse de se ressembler après un certain âge
Après une certaine dose d’obstacles, de fureurs, de mirages?

Je voudrais inverser l’invention du miroir
Que nos reflets vivent nos vies de fantômes
Tandis que nou.e.s irions, réel.le.s, vivant.e.s,
Sur les collines du temps en quête de quelque essence
L’amour nou.e.s consumerait, oh oui, nous brûlerions
Pour réchauffer la nuit
Nou.e.s laisserions sur place après la combustion
De la poussière d’étoile
Dont l’esprit créateur ferait notre renaissance
Et dans l’éternité
Nou.e.s serions pour la terre toute reconnaissance

Je me doute
Que mes atermoiements sont condensé d’ingratitude
Face au destin j’esquisse encore un sourire
Et je me délecte de ces moments rares
Arrachés au hasard
Si fine est l’étoffe de ces instants précieux
Comparée au quotidien velours de la mort

Je préférerais flotter sur la cime des jours
Et l’écume des nuits
Je voudrais que la vie se gagne une fois pour toutes
En triomphant de notre arrivée au monde
Dans le chaos organisé
Avoir la poésie en perspective et le revendiquer
Habiter le corps de ma folle jeunesse
Et accompagner jusqu’à sa tombe
Une chair qui ne ferait qu’un avec mon esprit.

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C’est moi

Dans mon fumeux cocon tissé de souvenirs
Je me crois à l’abri de mes propres désirs
En dévidant le fil de mon esprit confus
Je vois un papillon de ténèbres vêtu
C’est moi qui suis le but, la folie et la joie
Et le sang qui souvent m’a servi d’apparat
C’est moi qui suis tristesse, brodée de pourpre et d’or
C’est moi qu’on reverra à la dernière aurore
Tentant de mettre des mots sur des sentiments dérisoires
Et de donner le sens sans raconter l’histoire
C’est moi qui la nuit arpentait le cimetière
Et fumais sur la tombe d’un chanteur légendaire
C’est moi qui voulais croire qu’on a tous un destin
Et bousillais le mien, violemment, à dessein
C’est moi qui fit de mon corps un présent sans valeur
Pour mieux mettre en exergue mon esprit, cet ailleurs
C’est moi qui échouait à sauver le démon
Par mon unique amour, de sa damnation
C’est moi qui vouais mon âme à la lumière éternelle
Et qui aujourd’hui réfute le spirituel
C’est moi qui passais mon enfance dans les livres
Et qu’encore aujourd’hui la parole rend ivre
C’est moi la révolte, la colère, l’enthousiasme
Et tout cela dissous dans la maladie et ses miasmes
C’est moi qui parlait au nom des femmes violées
Au nom de mes sœurs battues, rabaissées, humiliées
C’est moi qui trouvais la force de dire stop à tout ça
Tout en refusant de rester avec un bébé sur les bras
C’est moi la sorcière, la traîtresse, multiforme
C’est moi qui refusais farouchement de céder à la norme
Et me voilà à nouveau sur la ligne de marge
Sur le tranchant du rasoir, sur le fil de la page
C’est moi dans ce cocon, dans ce corps transformé
C’est moi qui vous préviens : je vais me réveiller.

Cocon de soie de Bombyx du mûrier sur brindille Allemagne -  - Zernikow, près de Grosswoltersdorf -

Tenter

Retourner à demain
Jouer au destin
Hurler à en péter les murs
Dessiner des secrets
Inventer des mystères
Percer la vérité
La voir se dégonfler
Imploser d’un rire rentré
Laisser des bouts partout
Morceaux d’émois qui tâchent
Fragments de moi qui fâchent
Un élastique qui lâche
Briser la solitude
Voir des mots qui s’imposent
Ne contrôler plus rien
Avoir sa dose
Se voir changé en pierre
Sans pouvoir rien y faire
Et tenter de se dire
Jusqu’au dernier soupir

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Programmé-e-s

Incontrôlable
Et amer
Le destin est bafoué par des certitudes comptables
Programmées

L’inné
Est dépendant de contingences extérieures
Tout embryon d’espoir
Est vite délimité

Pourtant entre ces murs
Parfois
On se prend à voler
On se prend à rêver qu’on vole
On se prend à y croire

Cela s’explique de bout en bout
Avec des mots très compliqués
Mais cela ne change pas le fait
La sensation inexprimée
D’être dans les airs
Malgré notre réalité plombée

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Et l’amour

J’ai mis le feu à mes mémoires
C’était mon grand soir
Comme si, phœnix au cœur tendre
Mes mots allaient renaître d’un tas de cendres
Et à travers mes mots, mon image
Et à travers mon image, mon âme
Et l’amour en dernier recours

J’ai effacé toutes mes empreintes
Comme si le voyageur égaré
Ne pouvait que se perdre davantage en suivant mes pas
Et à travers mes pas, ma route
Et à travers ma route, mon destin
Et l’amour… L’amour ?

J’ai voulu disparaître
Sans mettre fin à mes jours
M’anéantir pour mieux renaître
Et à travers la mort, une vie
Et à travers la vie, un jour
Et à travers le jour, une seconde
Et l’amour ne veut plus dire toujours

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Reviens sur tes pas

Reviens sur tes pas
Et quand tu entendras chanter la forêt
Tu sauras
Que tu as retrouvé le début du chemin
L’embranchement choisi du destin
 
Quelque chose de stupide
Comme un poème raté
Comme une étreinte trop serrée
Comme une lumière éteinte trop tôt alors qu’on n’est pas encore fatigué
Comme le refus du sommeil
A cause d’un moustique qui s’agite
Comme rechercher sa verve alors que la fatigue nous frappe
Et tous les a-quoi-bon
Nous assaillent d’un coup comme assomme l’évidence
 
Reviens sur tes pas

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Cet été là

Cet été là
Je t’ai rencontré au bout de ton absence
Je t’ai affronté au milieu du silence
Pour te trouver vainqueur éperdu
Debout sur une île – émergeant de mon cœur fondu
 
Un océan d’absolu
 
Si j’ai fermé les yeux
C’était une inclinaison des paupières
Se prosternant devant Ton éclat
 
Un rire s’exerce
S’exauce
S’élance
 
Dans un grand lourd et profond soupir
Un soir
Je m’abstiendrai de t’aimer
Cette nuit-là
Les étoiles s’éteindront dans tout mon ciel
Comme par l’oubli des dieux
 
J’ai laissé un doute crever au bord d’une route
Sur cette tombe une fleur a poussé
 
C’est quoi le destin
Une pelote de fibre lumineuse
Un fil à trois bouts
Toi, Dieu et le hasard tricheur
C’est quoi au fond
La règle du Je
 
C’est quoi une larme
Une arme d’adieu
 
Une arme de la Dieu.
 
Dans mon silence intérieur
C’est ton regard rieur qui me tient lieu de boussole
Quand la mémoire se désole de n’être pas fidèle
J’attrape une hirondelle par la plume
Et on rigole ensemble de la folie des hommes

th (28)

Ineffable

Attraper l’ineffable instant fuyant
S’attacher la minute poussiéreuse
Fouler la haine du pied
Jeunesse de l’éternité
Audace de la fortune
Malice de l’inconstance
Regard amusé sur le destin farceur
Quelque piste étincelle, sous l’œil désabusé d’Éros
Tout un monde aux couleurs illuminées de gloire
Bourdonnement miraculeux du petit peuple chargé de trésors
Rêve de chair, songe du muscle délassé
La course entame un nouveau décor
Pourquoi ce même refrain ?
 
Des pieds effleurent le pistil dans une danse synthétique
Sur la tresse des souvenirs

th (18)