A vous les bourreaux de mon corps mortifié
A ceux qui m’ont jugée et me jugeront demain
Qui cherchez la cohérence dans mes pensées issues des terres du paradoxe
A ceux qui hurlent péché quand je cherche le plaisir
Qui me déclarent coupable car je n’ai pas honte de jouir de l’infini pouvoir qui réside entre nos mains
Entre nos lèvres
A ceux qui se croient autorisés à me punir
Pour avoir navigué sur les terres instables
de nos désirs brimés ou décrétés tabous
Pulsions d’amour que je place bout à bout
Pour disséquer le tissu de ces tristes sérénades
qui s’élèvent des cités quand l’espoir crève le soir au coin d’une horloge
Je vous déclare la paix
Je vous déclare la paix pour ces blessures qui ont un jour assommé vos cœurs
avec une telle violence que la tendresse est restée hébétée
Et le cœur s’est dit
puisque c’est ainsi puisque la douleur sévit derrière la moindre de mes ardeurs
je ne me livrerai plus
Je déclare la paix aux forteresses de fortune
qui enrobent nos libertés déchues
aux chaînes et aux fouets qui trahissent l’espèce humaine
Je déclare le pardon pour les enfants de nos haines
A punir sans soigner la justice sécrète sa gangrène
La jeunesse se suicide à grands coups de substances,
j’ai vu tant de grands esprits partir en fumée
dans les chants de bataille où nos forces s’épuisent
Vous qui m’avez fait payer le prix de vos souffrances
Dans l’extrême violence de votre indifférence
Je ne veux plus me battre contre vous
En déposant les armes j’ai pris quelques lames droit dans l’âme
mais je ne lèverai pas la main car au fond je l’avoue
ma peine est bien plus grande de voir l’amour mourir
et je sais comme ça mal la chute peut être fatale je le sais
je suis morte plusieurs fois
Dans ma chambre d’enfant en écoutant les cris de mes parents dans le noir
Sur un lit d’hôpital lorsque l’enfant tant espéré se retrouva aspiré
je suis morte maintes fois violée et il paraît que je devrais avoir honte
d’en parler
Je vous déclare
la paix
terribles enfants vengeurs
pour ne plus avoir à vous regarder sous le filtre morbide qui recouvre nos âmes vides
Nos intimes barricades tracent les frontières du territoire de la peur
On tire à feu nourri sous la bannière de l’unité
reproduisant la devise qui nous vola la lumière en divisant les frères
Chaque jour
On signe de notre sang ce contrat de la démence on renonce
Hostiles par principe les transports ont perdu leur sens commun
Le sexe est devenu sale on ne sait pas comment
Avoir la conscience crade est désormais synonyme de bon sens
De bien obscures prémonitions se déversent de l’illusion poétique
Trop de balles qui se perdent dans les couloirs de l’art médiatique
Pas assez de cris en capitales sur les murs
Trop peu de vraie fureur, mais combien de slams qui s’escriment à exprimer leur rage en sourdine
Faites un peu silence sur le champ de bataille
que je m’exprime