Je marchais pieds nus sur le bitume
J’avais confiance en ma capacité à supporter la douleur
La brûlure
N’était rien comparée à ce qu’endurait mon cœur
Pétri de trop d’amour
Jusqu’à la rupture définitive
La scission de mon esprit
Je prenais les rayons du soleil pour argent comptant
Et le murmure du vent
Comme un sortilège
Mon âme était légère
De ses millions d’années
Lente à la renaissance
Je bute sur les plus simples apprentissages
Par trop de limites éprouvée
Je n’avais jamais emprunté ces sentiers de façon raisonnable
Je marchais pieds nus sur le bitume
Dansais sur du verre pilé
Courais sur des pointes d’étoiles
Amusées
Je pleurais des améthystes
A la tristesse de mon semblable dédicacées
J’avais confiance en ma dignité face à l’horreur
Habillée de fierté
Et le dédain comme un refuge secret
Si vous saviez
Mes mots d’amour sont autant de pièces jetées dans le puits des vanités
Trop d’empathie visible au retour inespéré
Pas assez de méfiance il paraît
Je ne sais plus qui a assassiné ma bonne fée
Retrouvée égorgée dans son château doré
Etait-ce l’oeuvre d’un violeur ou bien de ce pompier
Que j’appelais à l’aide et qui m’a ignorée
Etait-ce cet homme aimé méprisable et coupable
Qui m’a mise au rebut sans m’accorder un mot
J’ai tant pleuré que j’ai fait de mon cœur une île
Regarde bien
Il y a dans ma confiance donnée le détachement subtil
De celle qui a cessé d’espérer
La plante de mes pieds nus sur le sol artificiel
Au milieu de la paranoïa des un.e.s des autres
Je mesure ma liberté à de petits plaisirs
Les yeux clos pour ne point vous haïr
L’âme en sourdine pour ne point trop aimer
Au risque de demeurer méconnue
Par habitude je rends hommage à la politesse
Et j’encaisse
Vos regards empreints de condescendance
Votre indifférence totale à la souffrance
De ce qui vous est étranger
Et vos banales certitudes
J’envie parfois votre assurance
Et vous laisse celle de mon pardon
Ma soumission est feinte devrais-je m’en excuser
La colère m’éreinte
Tout ça va exploser
Alors vous saurez
Vous saurez.